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Créer un dénominateur commun pour la sécurité – SafeStart

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Créer un dénominateur commun pour la sécurité

Creer un denominateur commun pour la securite

Cet article de Ray Prest a été publié dans le numéro
automne-hiver 2015 de Safety Decisions de BLR.

 

L’idée d’un Système général harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques (SGH) a été lancée, lorsque les participants à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement ont suggéré « qu’un système général harmonisé (et compatible) de classification et d’étiquetage des produits chimiques » qui inclurait les fiches de données de sécurité de même que des symboles aisément identifiables – soit rendu disponible, si sa création en était possible, pour l’année 2000. 23 années plus tard (et 15 années après l’échéance initiale prévue) 67 pays sont à faire l’implantation dudit système.

Je vais doser mes propos quant au délai des Nations Unies dans la création de ce système, compte tenu de l’étendue et de l’importance d’un tel projet – tout ceci a représenté une énorme tâche, tant pour les Nations Unies que pour vous. Maintenant, vous avez probablement déjà lu de nombreux articles, documents, bulletins et autres ressources (peut-être même l’embauche d’un ou plusieurs consultants) pour mieux apprendre et comprendre ce nouveau système. Donc, je vous épargnerai une vue détaillée de l’ensemble de la mécanique de ce nouveau système (SGH) de même que des normes prévues; nous mettrons plutôt l’emphase sur ce que représente le SGH – c’est-à-dire, l’importance de développer une norme de communication pour un langage universel commun (même s’il n’est employé qu’à des fins de gestion interne au sein de votre entreprise).

Les principales difficultés que le SGH vise à résoudre—une communication peu claire au sujet des dangers et un système de la classification des risques – accessible et compréhensible – ne se limitent pas à l’étiquetage des produits chimiques. Les entreprises sont toujours soucieuses de répondre aux normes établies, mais celles-ci peuvent ne s’appliquer qu’à certains pays et pas d’autres. Il existe également un grand nombre de préoccupations dont les normes tiennent peu compte, la plus notable étant le facteur humain.

Qu’en serait-il si nous pouvions développer un langage quant à la sécurité qui pourrait s’appliquer aux valeurs fondamentales de la sécurité professionnelle et qui pourrait dépasser toutes les normes nationales?

Un langage axé sur la sécurité se veut un groupe de mots, de termes, de phrases qui peut être utilisé et compris par tous, afin d’expliquer un risque potentiel ou un comportement souhaité. Plus simplement, une entente pleine de bon sens. Nombreuses sont les personnes spécialisées en sécurité qui dénoncent un manque de bon jugement, (de bons sens), notant sarcastiquement l’ironie du terme « bon jugement ». Le « bon jugement » semble bien souvent ne pas faire partie inhérente d’un tel langage, parce qu’il dérive d’habitudes acquises, de signifiants culturels et de d’autres influences comportementales. Par voie de conséquence, le « bon jugement » varie largement d’une personne à une autre et est bien au-delà du contrôle d’un superviseur en sécurité. Il vaut mieux pour les professionnels en sécurité s’inspirer du SGH et mettre l’emphase sur ce qu’ils peuvent effectivement influencer – le bon jugement.

Regardons par exemple, l’impact d’utiliser des phrases telles « les yeux sur la tâche » et « les yeux qui ne sont pas sur la tâche ». Ces phrases sont habituellement utilisées lorsqu’une personne est ou n’est pas suffisamment concentrée à ses tâches de travail. Soudainement, tout le personnel d’une entreprise – du directeur général à l’ouvrier sur la ligne d’opérations – a un terme « neutre en termes de valeurs » pour se référer à un problème familier. Maintenant, lorsqu’un superviseur indique à un employé « les yeux sur la tâche », la personne –comprend clairement — qu’elle doit garder toute son attention à ses tâches de travail, afin d’éviter des risques de blessures. La personne ne recevra pas ce commentaire comme un reproche ou du harcèlement et comprendra également ce qui est attendu d’elle.

Ce « langage » fournit également aux employés les outils linguistiques dont ils ont besoin afin d’avoir entre eux, des conversations traitant de sécurité et qui sont comprises par tous. En fait, j’ai souvent été témoin qu’avec l’introduction de ce langage approprié, ce dernier a servi de catalyseur chez de nombreuses entreprises qui avaient lutté pendant des années pour l’implantation d’un système d’observation.

L’un des trucs est de s’assurer que le langage soit spécifique et largement compris. Dire aux employés « travailler en toute sécurité aujourd’hui », au début d’un quart de travail ne sera pas efficace, parce que la signification du message est vague; travailler en sécurité comment? Cependant, en disant « garder vos yeux sur la tâche lorsque vous travaillez avec des produits chimiques », les employés auront le réflexe de vérifier les étiquettes, épargnant ainsi des risques de blessures possibles. Bien sûr, tous les membres d’une entreprise doivent apprendre la signification d’une phrase comme « garder vos yeux sur la tâche », comme ils doivent recevoir une formation pour bien lire les étiquettes des produits dangereux.

SGH n’a pas été conçu pour « remplacer » les mesures existantes pour manipuler les matériaux dangereux, mais bien plutôt pour mieux les complémenter, en rendant la tâche plus facile pour les employés qui manipulent les produits chimiques et font la lecture d’étiquettes dites « universelles ». De façon similaire, un langage « commun » peut augmenter plutôt que remplacer des systèmes existants en fournissant une « façon facile à comprendre » pour tous, de nommer des risques spécifiques.

Ce langage devrait mettre l’emphase sur les aspects d’un travail qui comporte le taux le plus élevé de risques dans son ensemble. Dans la plupart des cas, ceci inclura plusieurs composantes physiques, telles les risques de trébuchement, les tâches reliées à la manipulation de matériel, la conduite et les facteurs humains tels la précipitation, la frustration, la fatigue et l’excès de confiance. Ces grands problèmes, et plus particulièrement ceux reliés aux comportements humains, font partie de ceux pour lesquels il est le plus facile de développer un langage commun, parce qu’ils touchent majoritairement tous les employés de votre entreprise.

Il a fallu plus de deux décennies pour adapter le SGH et je doute fort que nous voyons d’ici peu un accord international de cette envergure, à propos d’un langage uniformisé et facile à comprendre traitant de sécurité. Heureusement, il est beaucoup plus aisé d’adapter un système à la grandeur d’une entreprise qu’il en est d’atteindre un accord commun entre les grands leaders de notre planète, sur quoi que ce soit. Néanmoins, lorsqu’il est question de créer une compréhension uniformisée pour votre entreprise, vous devriez aller plus loin encore que le SGH ne le fait, les brûlures chimiques ne représentant que 0,4% des lésions avec pertes de temps dans l’industrie privée aux États-Unis au cours de l’année 2011. Faites la comparaison avec la catégorie des blessures telles les glissades, les trébuchements et les chutes, (qui représentent 25% des lésions avec pertes de temps pour une même période) et qui sont souvent le résultat d’une distraction. Il devient évident d’identifier quels secteurs de votre programme de sécurité peuvent bénéficier le plus d’un système comme le SGH.

Alors, si vous songez à faire l’implantation d’un langage commun traitant de sécurité au sein de votre entreprise, il vous faudra tenir compte de ce qui aura le plus grand impact. Du Canada au Kazakhstan, tous les employés, de toutes les entreprises et de tout type de travail, peu importe l’endroit, sont susceptibles d’être distrait ou manquer de jugement. Et, contrairement au SGH, il n’existe pas de symboles ou de normes harmonisés globalement qui rappellent de manière fiable, des risques véritables qui existent lorsque l’attention n’est pas fixée sur la tâche à accomplir.

Si je devais choisir un secteur de réflexion en termes de sécurité à proposer à nos leaders mondiaux, ce serait l’établissement d’une compréhension universelle des facteurs humains pour les gens qui travaillent. Les facteurs humains interagissent avec tous les types de risques; la création d’un « dictionnaire du bon jugement » sur l’erreur humaine, améliorera la sécurité, la production et la culture dans son ensemble. Et, si chaque professionnel de la sécurité fait l’implantation d’un langage commun qui se penche sur les risques les plus potentiels au sein de leur entreprise, nous n’aurons pas à attendre 23 autres années pour voir le taux de blessures diminuer.

 

Ray Prest agit à titre de directeur du Service de Marketing chez SafeStar t, une entreprise familiale qui a fourni sous forme de formation, des solutions aux secteurs de l’industrie, de l’éducation et chez les militaires au cours des dernières 40 années. Il agit également à titre de journaliste pour la revue Safety Decisions.

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