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Regard critique sur la cause réelle des blessures et des décès accidentels – SafeStart

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Regard critique sur la cause réelle des blessures et des décès accidentels

Larry Wilson

par Larry Wilson.

 

Vous constaterez sans doute par le titre ci-haut que nous parlons ici de blessures aiguës, étant donné qu’il est très difficile de se tuer en passant des heures chaque jour à taper sur un clavier ou à cliquer une souris.

Ou, si vous pensez à l’autoroute – endroit où il y a entre 10 à 20 fois plus d’accidents mortels que dans les milieux de travail ou les usines – il est assez facile de se blesser le dos si votre siège automobile est inconfortable et que vous conduisez beaucoup, mais il est invraisemblable que ce siège vous tuera. Donc, la réponse à la première question : « Parlonsnous de blessures aiguës ou de lésions dues aux mouvements répétitifs? » est facile.

Nous parlons ici de blessures aiguës. Mais, la question cruciale suivante : « Quelle est la cause réelle des blessures et des décès accidentels? » n’est pas aussi facile à réponde. Et que penser, si la réponse ou la vérité est très différente de ce que nous avons déjà appris? Comment sauriez-vous – ou comment pouvez-vous prouver – que c’est la vérité ou que c’est la réalité? Il m’a fallu entre 15 à 20 ans pour trouver les réponses à ces questions. Donc, répondre à cette dernière question n’est pas aussi facile qu’il le semble.

Commençons d’abord avec ce que vous saviez avant de travailler ou d’oeuvrer dans le secteur de la SST et de l’environnement. Vous savez comment vous vous êtes blessés. Et, vous savez quand et à quelle fréquence vous vous êtes blessés – même si vous ne vous souviendrez probablement pas des blessures subies avant l’âge de six ou sept ans. Par la suite, vous avez appris au sujet de la santé et la sécurité du travail, ces notions incluant les aspects légaux et les enjeux liés à la conformité. L’importance de l’engagement de la direction vous a peut-être même été soulignée. Puis, vous avez appris au sujet des gestes dangereux, des conditions non sécuritaires, des pyramides des risques et des modèles des multiples facteurs de causalité à l’égard des accidents.

Question :
« Combien d’accidents doit-il se produire pour causer une fatalité? »

Réponse :
a. 30 000
b. 300 000
c. seulement un

Et, lorsque vous avez appris au sujet de tout cela (il y a déjà 20 ans, dans mon cas), vous a-t-on expliqué comment « l’attitude » d’un employé cause ces gestes non sécuritaires et délibérés? Ou, comment ces gestes non sécuritaires causent plus de 90% des blessures au travail? Malheureusement, bon nombre d’entre nous avons entendu cette explication, et même à plusieurs reprises, Et, nous avons entendu dire cela par de nombreuses personnes (même si peu de gens vivants aujourd’hui ont entendu cette explication de monsieur Heinrich lui-même).

L’un des problèmes qui existe, lorsque nous entendons la même explication répétée à maintes reprises – par de nombreux experts différents, est que, très souvent, certains gens ne questionnent plus ce qu’ils entendent. Même si ce qu’ils entendent est très différent de ce qu’ils savent comme une certitude : comment et quand ils se sont blessés. Même si cela n’est pas surprenant (et est même pardonnable) puisque si nous savons exactement, à la lettre, et définitivement, comment et quand nous nous sommes blessés – nous savons que nos blessures personnelles ne représentent qu’un petit nombre parmi les millions et les millions de blessures subies chaque jour à travers le monde (si vous comptez les coupures, les ecchymoses, les bosses et les égratignures). Et, même si vous savez exactement et définitivement comment vous vous êtes blessés, cela ne veut pas dire que les autres se sont blessés de la même façon. Moi, je croyais que les autres se blessaient selon le modèle, mais que mes blessures – pour une quelconque raison – n’étaient pas comme celles des autres. Et, c’était « acceptable » puisque je ne travaillais pas vraiment, je ne faisais que parler pour gagner ma vie. Bien que je voyageais souvent en avion et je conduisais beaucoup, je croyais que ce genre de travail était différent, car je ne faisais pas le même travail que celui sur lequel les modèles étaient basés… En d’autres termes, je n’avais aucun problème à accepter que j’étais « une exception à la règle » parce que je faisais un travail différent…

Regard critique

Du moins jusqu’au jour où je me suis presque tué en somnolant au volant, alors que je revenais en voiture d’une station génératrice au milieu de nulle part. Modèle ou pas, différent ou non – mort c’est mort. J’ai dû l’accepter. L’erreur humaine peut vous tuer. Je venais de le prouver. Pourtant, je n’avais jamais entendu parler de l’erreur humaine dans le monde de la santé et la sécurité du travail. Tout ce dont on parlait, c’était des gestes non sécuritaires, des conditions dangereuses et des attitudes. Mais, tout cela a changé dans les années 90, l’attitude n’était plus le problème. C’était le comportement. Le comportement est devenu omnipotent et l’attitude ne jouait plus un rôle important. Le comportement à risque avait remplacé les gestes non sécuritaires et l’attitude dangereuse – mais de nom seulement. Rares étaient ceux qui parlaient des trois types de comportements à risque. La plupart des gens parlaient encore des décisions conscientes et délibérées que les travailleurs prenaient pour augmenter le risque, ou inversement, pour ne pas augmenter le risque. Les gens ne parlaient pas des deux autres comportements : le comportement à risque habituel (automatique) et le comportement à risque nonintentionnel (erreur). Quelle importance faut-il accorder à ces deux types de comportements à risque? Combien souvent sont-ils impliqués dans la cause des blessures aiguës?

Pour répondre à ces questions, il faut examiner les trois composants ou facteurs de base qui doivent être présents pour qu’un accident se produise :

  1. Une source ou forme d’énergie potentiellement dangereuse doit être présente;
  2. Une personne (un incident peut exister sans impliquer une personne, mais une blessure ne peut se produire sans une personne, évidemment);
  3. Un événement imprévu doit se produire (s’il y a eu un effort délibéré pour blesser quelqu’un, cela ne constitue pas une blessure accidentelle).

Selon vous, combien de choses imprévues vous sont-elles arrivées jusqu’à maintenant dans votre vie, des milliers ou des millions de choses? Même si un grand nombre d’événements imprévus nous sont tous déjà arrivés, en réalité, ces derniers ne proviennent que de trois sources (voir Figure 1). Vous faites quelque chose d’inattendu, une autre personne fait quelque chose d’inattendu ou l’équipement que vous utilisez fait quelque chose d’inattendu. L’événement inattendu relève de l’une de ces trois sources – ou une combinaison de celles-ci. Moyennant, un cas fortuit, évidemment.

Selon vous, quelle est, parmi ces trois sources, celle qui contribuera au plus grand nombre d’incidents et de blessures? Après y avoir réfléchi, la plupart des personnes concéderont qu’elles sont LA source du plus grand nombre d’incidents et de blessures. Toutefois, à moins que vous ne réussissiez à les faire réfléchir à ce qu’elles savent comme certitude, définitivement, exactement, etc. comment elles se sont blessées, au travail et en dehors de celui-ci, ces mêmes personnes auront de la difficulté à estimer le nombre réellement élevé de ces blessures.

J’ai animé ce même exercice avec plus de 100 000 personnes et ce sont les gens eux-mêmes qui sont LA source dans 99% des cas (excluant les sports de contact).

Donc, de façon générale, les gens (les adultes et les enfants) se blessent. Dans plus de 99% des cas, ce n’était pas l’autre personne ou l’équipement qui a produit la réaction en chaîne qui a ensuite causé l’incident ou la blessure. Si vous êtes sceptique – assurez-vous de compter toutes les blessures accidentelles, y compris les coupures, les ecchymoses, les bosses, les échardes et les égratignures (cela équivaut à environ 5 à 10 000, pour la plupart des gens).

Alors, si dans 99 % des cas de blessures personnelles, celles-ci ont été causées par un imprévu que vous avez fait – tel que ne pas voir le panneau d’arrêt ou perdre votre équilibre – combien souvent l’erreur humaine est-elle impliquée dans les blessures aiguës et accidentelles?

 

Larry Wilson agit à titre de consultant en matière de sécurité axée sur le comportement depuis plus de vingt ans. Il intervient dans plus de 2 000 entreprises situées au Canada, aux États-Unis, au Mexique, en Amérique du Sud, dans les pays du bassin Pacifique et en Europe. M. Wilson est le principal auteur de SafeStart, un programme de formation de pointe sur la sensibilisation à la sécurité, celui-ci utilisé par plus de 1 500 000 personnes, dans plus de 40 pays.

Regard critique

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